Météo et Climat Info
Yersin, la météo dans les gènes
En 1863, le docteur Alexandre Yersin, père post-mortem du futur découvreur du vaccin contre la peste, décède à Morges. Intendant des poudres de la Suisse Romande, il était aussi un entomologiste passionné et un météorologue reconnu.
Ses relevés d’observations quotidiens à 6h, 8h, 12h, 16h, 20h et 21h entre 1850 et 1854 ont été publiés dans les annuaires de la Société Météorologique de France (SMF) (1). Plus original encore, il publie une étude sur le lien entre le climat et les possibles invasions de sauterelles. Henri de Saussure, petit-fils d’Horace-Benedict, l’inventeur de l’hygromètre à cheveux, lui a consacré une biographie.
Même si Alexandre Yersin fils n’a jamais connu son père, il se passionne lui aussi pour les grillons et l’observation de la nature avant de se décider pour une carrière de médecin. En 1885, il rejoint Paris et l’équipe de Pasteur. Avec Émile Roux, un des plus proches collaborateurs de Pasteur, il met en évidence la toxine diphtérique. Il acquiert la nationalité française et se voit proposer un poste de professeur au tout nouvel Institut Pasteur.
Mais Yersin s’ennuie ! Grâce aux recommandations de Louis Pasteur, il embarque en tant que médecin pour l’Indochine qui deviendra son pays d’adoption. Aventurier dans l’âme mais avec une rigueur toute scientifique, Alexandre Yersin explore l’Annam, en dresse des cartes, utilisant avec dextérité baromètre et théodolite pour se repérer. De retour en France en 1893 pour présenter les résultats de ses explorations, il en profite pour se former à la météorologie à l’Observatoire de Montsouris et achète les instruments météos nécessaires à l’installation d’un observatoire à Nha Trang. Il envisage, en effet de s’y installer définitivement et d’y créer une ferme, un dispensaire et un centre d’études des tempêtes afin de pouvoir alerter les pêcheurs en cas de danger météorologique.
Annales de géographie
Inscription maison Yersin
Transformation de sa maison de Nha Trang e observatoire en 1908 avec aménagement sur le toit d’une coupole pour y réaliser toutes les observations
La première conférence scientifique de Yersin à Lausanne avait pour titre « Les orages »
En 1894, une épidémie de peste se déclare en Chine
Mandaté par l’Institut Louis Pasteur avec lequel il a toujours gardé des liens, Yersin se rend à Hong Kong en juin et, à la grande surprise des Anglais qui misaient sur une équipe de médecins japonais, il découvre le bacille de la peste Yersina Pestis et met au point le premier vaccin antipesteux. De retour à Nha Trang, son dispensaire devient l’Institut Louis Pasteur de Nha Trang. Yersin décide de travailler sur les maladies infectieuses qui affectent l’Indochine.
Yersin se lance également dans la culture de l’hévéa et de la quinine pour trouver les financements nécessaires à ses recherches. Considéré en Indochine comme le spécialiste du lien entre climat et santé, c’est à lui que Paul Doumer fait appel pour trouver un lieu de repos pour les Français d’Indochine, affectés par la chaleur humide de l’Annam. La station climatique de Dalat se développera sur la base des propositions de Yersin.
Relativement mal connu en France, malgré les films – un des films a été tourné en partie à l’Observatoire de Montsouris – et livres qui lui ont été consacrés, Alexandre Yersin reste populaire au Vietnam et les avenues et rues qui portent son nom, n’ont pas été débaptisées après l’Indépendance. Son observatoire météo à Nha Trang a été transformé en musée.
L’institut Pasteur de Nha Trang
Bibliographie
Jacqueline Brossollet et Henri Hubert Mollaret (2017); Alexandre Yersin, Un pasteurien en Indochine; éditions Belin/Humensis; ISBN 978-2-410-00612-4; 9,9 € ; (œuvre originale publiée en 1985 chez Fayard sous le nom Alexandre Yersin ou le vainqueur de la peste ).
Annick Perrot (2012); Témoignages. In Les Instituts Pasteur du Vietnam face à l’avenir – Alexandre Yersin à l’heure d’Internet (p. 57-65); éditions l’Harmattan; ISBN 978-2-336-00482-2; 27,50 €.
Patrick Deville (2012) ; Peste et Choléra ; éditions du seuil ; ISBN 978-2-02-107720-9 (prix Femina 2012)
Filmographie
« Alexandre Yersin : Ce n’est pas une vie que de ne pas bouger » – Documentaire de Stephane Kleeb – 2001
« Sur le chemin de la guérison » – Documentaire d’Alain Bornet et Jacques Gonzales – 1995 »
