Météo et Climat Info
Celeste Saulo, Secrétaire Générale de l’Organisation météorologique mondiale

2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée. Malheureusement, elle ne sera pas la dernière…
À l’occasion de la Journée météorologique mondiale du 23 mars 2025, Celeste Saulo, Secrétaire Générale de l’OMM, a rappelé le rôle essentiel de l’Organisation et les enjeux face au dérèglement climatique.
Pour aller plus loin
L’année 2025 marque le 75ème anniversaire de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), porte-parole des Nations Unies pour la météo, le climat et l’eau. Tout au long de l’année, nous célébrons la contribution de l’OMM et de ses Membres à sauver des vies, à servir la société et à protéger notre planète.
L’OMM est souvent appelée l’Agence Météorologique des Nations Unies. Mais nous sommes bien plus que de simples prévisionnistes. L’OMM contribue à la sécurité et à la prospérité du monde. L’OMM est une plateforme d’échange gratuit de données, de produits et de services entre les services météorologiques et hydrologiques nationaux et les utilisateurs.
Ces données sont essentielles à la sécurité nationale et internationale.
Les informations de l’OMM sont vitales pour les secteurs sensibles au climat, comme l’agriculture, les transports, l’énergie, la gestion de l’eau et la santé. La communauté de l’OMM apporte des milliards de dollars de valeur ajoutée à l’économie mondiale. Nous économisons des milliards supplémentaires grâce aux pertes évitées. Au fil des ans, nous avons sauvé des centaines de milliers de vies. Et nous continuerons de le faire. C’est notre priorité absolue.
Il y a trois ans le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lançait l’Initiative « Alertes précoces pour tous ». Cette initiative vise à garantir que chacun, partout dans le monde, soit couvert par des systèmes d’alerte précoce d’ici fin 2027. L’OMM, le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe, l’Union internationale des télécommunications et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont les fers de lance de cette initiative. Nous cherchons activement à recruter de nouveaux partenaires. Nous sommes désormais à mi-chemin. Nous sommes fiers de nos progrès.
Cent huit pays déclarent désormais disposer de capacités en matière de systèmes d’alerte précoce multirisques. C’est plus du double qu’en 2015. Soyons clairs : l’appropriation nationale et l’implication des communautés sont essentielles au succès. Mais beaucoup trop de personnes restent sans protection, notamment dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement. Nous devons aller plus loin et plus vite.
Pour cela nous devons innover ensemble pour développer les technologies, unir nos forces pour favoriser la collaboration, investir ensemble pour créer, mobiliser et partager des ressources. Les avancées technologiques et les outils comme l’intelligence artificielle ont le potentiel de révolutionner les prévisions météorologiques et les alertes précoces. Exploitons-les pour le bien commun !
Nous traversons une période difficile pour notre communauté internationale. Je tiens toutefois à souligner que le travail de l’OMM est plus important aujourd’hui qu’à tout autre moment de ses 75 ans d’histoire. Le dernier rapport de l’OMM sur l’état du climat mondial illustre l’urgence du défi :
- Les niveaux de dioxyde de carbone sont à leur plus haut niveau depuis huit cent mille ans.
- 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec des températures globales supérieures d’environ 1,55 °C aux niveaux préindustriels.
- Les dix dernières années ont été les dix plus chaudes jamais enregistrées.
- Chacune des huit dernières années a établi un nouveau record de chaleur océanique.
- Les 18 plus faibles étendues de glace de mer arctique ont été enregistrées au cours des 18 dernières années.
- Les trois plus faibles étendues de glace antarctique ont été enregistrées au cours des trois dernières années.
- Le taux d’élévation du niveau de la mer a doublé depuis le début des mesures par satellite.
- Les phénomènes météorologiques extrêmes ont aggravé les déplacements de population, l’insécurité alimentaire et les bouleversements économiques.
Nous avons célébré la toute première Journée mondiale des glaciers le 21 mars, ainsi que la Journée mondiale de l’eau le 22 mars. Le recul des glaciers a de multiples conséquences sur les économies, les écosystèmes et les communautés, non seulement dans les régions montagneuses, mais à l’échelle mondiale. Ces trois dernières années ont connu la plus importante perte de masse glaciaire jamais enregistrée sur trois ans. Chaque année, les glaciers perdent l’équivalent de trente ans de consommation d’eau. C’est énorme.
Pour conclure, je tiens à souligner que 2025 est une année décisive pour l’action climatique, le développement durable et l’alerte précoce pour tous. Nous devons aller plus loin, plus vite et ensemble.
Celeste SAULO, Secrétaire Générale de l’Organisation Météorologique Mondiale