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Enquête météo sur le naufrage du Titanic

Mar 8, 2025

Le Titanic à Southampton le 10 avril 1912. Wikimedia Commons.

Le 10 avril 1912, Le paquebot géant Titanic entame son voyage inaugural qui doit le mener de Southampton à New York.

Dans la nuit du 14 au 15 avril, parvenu au large du Grand Banc de Terre-Neuve, il entre en collision avec un iceberg et sombre en quelques heures au fond de l’Atlantique.

Bilan effroyable : 1500 victimes sur 2200 passagers.
Les commissions d’enquête mises en place en Grande-Bretagne et aux États-Unis retiennent trois causes principales : trop grande vitesse malgré les icebergs signalés, veille en passerelle insuffisante, mauvaise organisation de l’évacuation des passagers.

Quel rôle a pu jouer la météorologie dans ce drame ?

Les conditions météos

Le Grand Banc est un ensemble de plateaux sous-marins situé au sud-est de Terre-Neuve, au bord du plateau continental nord-américain. Le courant froid du Labrador s’y mélange avec les eaux chaudes du Gulf Stream ; la zone est donc propice aux brouillards, aux formations nuageuses et aux tempêtes.
Mais les conditions météorologiques du 14 avril 1912 sont bien différentes. Les cartes indiquent un vaste anticyclone centré justement sur Terre-Neuve. La météo est calme : pas de brume ou de brouillard, pas de vent, pas de vagues. Pas de Lune dont la lumière faciliterait la détection des icebergs.

Pour aller plus loin

Quand / Où

14 au 15 avril 1912

Large du Grand Banc de Terre-Neuve

→ En savoir plus

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Références

Le naufrage a lieu dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 au point 41°N-49°O (croix rouge) au coeur d’un vaste anticyclone (cercle bleu). Daily Synoptic Series – Historical Weather Maps.
Northern Hemisphere Sea Level. 14 avril 1912. Bibliothèque Météo-France.

Les icebergs

Les icebergs de l’Arctique sont issus du morcellement des glaciers continentaux du Groenland et de la Terre de Baffin. Dès le printemps où les températures s’adoucissent, ils se répandent dans les environs du Banc de Terre-Neuve sous l’impulsion du courant du Labrador. Un iceberg met un à deux ans pour rallier la limite sud des glaces où les eaux plus chaudes du Gulf Stream le repoussent et le disloquent au large.
La présence d’icebergs en avril 1912 au lieu du naufrage est donc statistiquement « normale ». Un équipage expérimenté doit s’y attendre, d’autant plus que le Titanic a reçu de nombreuses alertes dans les heures qui précèdent le drame.
14 avril, 23h40 : le veilleur Frederick Fleet voit l’iceberg à moins de 500 m de distance, il est trop tard. Une trentaine de secondes plus tard c’est l’impact. On connaît la suite : le Titanic disparaît à 2h20 au fond de l’océan.

Les mirages, l'hypothèse optique

Mirage très complexe de type Fata Morgana/Fata Brumosa. Capture depuis Youtube.

Comment l’équipage a-t-il pu être surpris par un iceberg haut de 30 m alors qu’en passerelle la vue porte à 15 km et qu’il n’y a pas de brouillard ? Les lois de l’optique peuvent lever le mystère. Par temps calme et froid, l’atmosphère s’organise en couches plus froides en surface qu’en altitude.
Cette structure incurve la lumière ; c’est le phénomène de réfraction. Les rayons lumineux issus d’un objet au sol se courbent et rebondissent sur la couche d’air plus chaud située en hauteur ; son image semble provenir du ciel ; c’est un mirage supérieur.
Si l’objet au sol est la mer elle-même, le mirage obtenu est constitué d’une bande d’aspect brumeux placée entre l’observateur et l’horizon. C’est la bande de mirage. On la nomme traditionnellement Fata Bromosa car elle crée d’étranges images naissant comme par magie dans le ciel au-dessus de l’horizon. Extrêmement dangereuse, elle masque les objets en approche qui en émergent brutalement. C’est peut-être ainsi qu’est apparu l’iceberg aux veilleurs du Titanic, en pleine nuit, où la bande de mirage est de plus totalement invisible.

Conclusion

Un ensemble de circonstances alliant défaillance humaine et phénomènes naturels a favorisé le naufrage du Titanic. Nous formulons ici l’hypothèse que la météorologie, en particulier les mirages supérieurs, ont joué un rôle essentiel dans ce naufrage. Une Fata Bromosa fait un suspect idéal pour qui mène l’enquête.

 Xavier Popineau (Météo-France, Dircom/Documentation)